En psychanalyse, il existe une conception théorique autour du traumatisme. Pour qu’il y ait traumatisme, il est nécessaire qu’un évènement réel vienne faire effraction dans l’appareil psychique. C’est-à-dire qu’il submerge les défenses de l’individu.
Sans pour autant généraliser à outrance (tout le monde n’est pas égal en ce qui concerne les défenses psychiques), il semble que la COVID-19 réponde à ce type d’évènement. La pandémie est arrivée brutalement et a bouleversée toutes nos organisations.
Ce bouleversement, une fois encore, n’a pas été subit de la même façon ; certains ont eu un maintien de salaire pendant que d’autres perdaient leurs emplois, certains ont été confiné seul pendant que d’autres étaient en famille (parfois pour le meilleur ou pour le pire). Mais force est de constater qu’elle a changé d’une manière profonde la société.
Une certaine légèreté du quotidien nous a quitté, elle a fait place à la gravité, aux règles, aux restrictions. L’échappatoire est difficile, le virus est partout dans les médias, dehors évidemment mais il vient également rappeler sa présence par le masque, les protocoles sanitaires…
Comme lors d’un traumatisme, l’impact de la COVID 19 a tendance à figer les comportements, geler les affects. Difficile de trouver un ailleurs : la plupart des loisirs sont momentanément interdit ; les projets professionnels sont soumis à l’incertitude économique… Le temps est saturé par un présent anxiogène. De plus, parfois on n’ose même pas se plaindre lorsque l’on pense aux personnes âgées, celles « à risques », aux malades, aux soignants, aux morts, aux endeuillés… Si bien que la sensation d’isolement peut en être renforcée.
Parfois il est difficile de différencier une gêne plus ou moins envahissantes dû aux conditions inédites de la pandémie, de quelque chose de plus profond qui aurait fait effraction dans les défenses psychiques. Il ne faut pas hésiter à échanger sur ses doutes, peurs, angoisses avec ses proches ; ils peuvent être de bon conseil. Mais si le malaise persiste, il ne faut pas hésiter à consulter un professionnel pour éviter l’enkystement.